L'incroyable paresseux
Le paresseux, posé au sol, paraît étrangement difforme. Ses pattes avant, ou plutôt ses bras, semblent disproportionnées, tandis que ses pattes arrière sont très courtes et arquées, de sorte que son ventre touche le sol. Il ne peut marcher ; il ne peut que se traîner lentement.
Supposons donc qu'il s'appuie sur ses pattes, comme les autres animaux ; il aurait mal, car il n'a pas de plantes de pieds, et ses griffes sont très pointues, longues et recourbées, de sorte que si son corps était soutenu par ses pieds, ce serait par leurs extrémités – tout comme votre corps le serait si vous vous mettiez à quatre pattes et essayiez de supporter votre poids sur le bout de vos orteils et de vos doigts !
Si le sol était en verre ou poli, le paresseux aurait beaucoup de mal à se déplacer. Mais comme le sol est généralement accidenté, avec des pierres, des racines d'herbe, etc., il lui convient parfaitement. Il agite ses pattes avant dans tous les sens pour trouver un point d'appui.
Lorsqu'il y parvient, il se hisse en avant et peut ainsi poursuivre sa route, mais d'une manière si lente et maladroite qu'on le surnomme paresseux. Son regard, ses gestes et ses soupirs occasionnels trahissent son inconfort sur le sol, voire sa douleur.
Ses membres sont conçus pour se suspendre et s'agripper, non pour supporter son poids au sol.
À l'état sauvage, le paresseux passe presque toute sa vie dans les arbres.
S'il doit traverser une rivière ou un lac, vous constaterez que le paresseux est un excellent nageur, capable d'atteindre une vitesse de 13 mètres par minute. Il peut également retenir sa respiration sous l'eau pendant 40 minutes.
Dieu créa l'homme et la femme pour marcher à la surface de la Terre, l'aigle pour planer dans l'immensité du ciel, et le singe et l'écureuil pour habiter les arbres. Ceux-ci peuvent néanmoins modifier leur environnement habituel sans grand désagrément, tandis que le paresseux doit passer la quasi-totalité de sa vie dans les arbres.
Étonnamment, les paresseux ne passent pas autant de temps en haut des branches qu'un écureuil ou un singe. Ils passent 80 % de leur temps suspendus la tête en bas sous les branches.
Lorsqu'il dort, il s'appuie sur une branche parallèle au sol. Il s'y agrippe d'abord grâce à ses mains et ses pieds spéciaux, dotés de longues griffes recourbées. Il peut alors se suspendre confortablement sous la branche protectrice. Dans cette position, il repose parfaitement, sans le moindre effort.
Maintenant, s'il avait une queue, il ne saurait que faire ! S'il la dressait entre ses pattes, elle le gênerait. S'il la laissait pendre, elle s'agiterait au gré du vent. Dieu a donc doté le paresseux d'une queue courte et trapue.
Une rencontre surprenante avec un paresseux
Un jour, un homme trouva dans la forêt un gros paresseux à deux doigts sur le sol, au bord d'une rivière. « Dès que je me suis approché de lui », raconta-t-il, « le paresseux s'est jeté sur le dos et s'est défendu avec panache à l'aide de ses pattes avant. »
« Allons, pauvre homme, dit l’homme, je ne profiterai pas de ton malheur ; la forêt est assez grande pour que nous puissions y errer tous les deux. Rejoins-nous là-haut et profite de ces étendues sauvages infinies ; tu ne reverras peut-être jamais personne, alors adieu. »
Sur ces mots, l'homme prit un long bâton qui traînait là, le tendit au paresseux pour qu'il s'y accroche, puis le hissa jusqu'à un arbre haut et majestueux. Le paresseux grimpa rapidement et, en une minute environ, il était presque arrivé au sommet.
Certaines personnes ont mal jugé le paresseux, d'après les descriptions qui le montrent rampant maladroitement sur le sol, et non dans sa position habituelle — accroché à la branche d'un arbre.
Que pouvez-vous en tirer comme leçon ?
Il faut se garder de juger autrui trop vite. Il convient d'apprécier les gens pour leurs points forts. N'oublions pas que chacun possède des aptitudes, des expériences et une formation différentes. Un tisserand peut être un piètre forgeron ; un charpentier, un piètre tailleur ; et pourtant, chacun peut exceller dans son domaine. Nul ne saurait être blâmé de ne pas posséder une compétence qu'il n'a jamais eu l'occasion d'acquérir.
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